Qualité de l’air : l’amélioration passe par une meilleure connaissance

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Mise à jour le 17/02/2023

Afin de mieux informer la population sur les risques de la pollution de l’air, Paris multiplie ses sources d’informations et ses connaissances sur les polluants atmosphériques. Elle participe à de nombreux dispositifs et commande des études spécifiques.

Participation au financement du dispositif de surveillance d’Airparif

Adhérente de l’association Airparif, la Ville de Paris participe au financement du dispositif de surveillance exploité par cette Association Agréée de Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA).
Airparif permet de mesurer de façon permanente environ 60 polluants, notamment grâce à ses stations fixes (22 sont implantées dans Paris intra-muros et 70 en Île-de-France), installées soit à proximité des sources de pollution liées au trafic, soit loin des sources d’émissions pour mesurer les niveaux de pollution en fond urbain.
Des mesures complémentaires sont aussi prévues. L’ensemble du dispositif (mesures permanentes et ponctuelles, associées à des inventaires d’émissions de polluants) permet de produire de manière fiable des modélisations de l’état de la qualité de l’air et de l’exposition des populations grâce à :
  • des cartes de concentrations en temps réel,
  • des cartes de concentrations moyennes annuelles,
  • des prévisions de l’indice de qualité de l’air et les épisodes de pollution,
  • un inventaire des émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre.
Respect de la réglementation européenne
La France est en contentieux avec la Cour de justice de l’Union européenne et avec le Conseil d’État pour non-respect de la réglementation sur la qualité de l’air. Dans ce contexte, Airparif a publié en juillet 2022 un travail de prospective qui évalue, au regard des baisses d’émission engagées, les diminutions supplémentaires nécessaires pour respecter ces valeurs réglementaires en Île-de-France afin d’accompagner les décideurs et la société civile. Pour davantage de détails sur les mesures préconisées, lire le rapport.

Expérimentation de dispositifs de mesures et innovations

En complément de cette surveillance réglementaire, la Ville de Paris accueille des expérimentations innovantes visant à renforcer les outils de contrôle et d’évaluation de la qualité de l’air sur son territoire.

Expérimentation Tallano pour la récupération des particules de frein sur une benne à ordures ménagères

À la faveur des normes Euro successives, les motorisations produisent moins de polluants à l’échappement. En revanche, les émissions de particules fines hors échappement, liées à l’abrasion des freins, des pneus et de la route, constituent une part relative de plus en plus importante des particules émises par le trafic routier. La Ville de Paris a donc plaidé, en lien avec les associations de villes Eurocities et Polis, pour la prise en compte des émissions hors échappement dans les prochaines normes d’émission des véhicules (norme Euro-7).
Dans ce cadre, elle va tester le procédé mis au point par la société Tallano Technologies, une start-up française spécialisée dans la captation des particules émises par les systèmes de freinage. Une benne à ordure ménagère va être équipée au printemps 2023 de ce dispositif de captation pendant environ quatre mois (correspondant à la durée de vie moyenne de deux jeux de plaquettes de frein).
Une première campagne d’essais a été effectuée à Paris entre 2019 et 2020 sur un véhicule léger de modèle ZOE de la Ville de Paris. Les résultats montraient une réduction en masse de 87 % des particules émises.
Le saviez-vous ?
A Paris, 72% des émissions de PM2,5 du trafic routier sont dues à l'abrasion des freins, des pneus et de la route.
Source : Airparif

Le projet Pollutrack

Entre 2018 et 2022, la Ville de Paris a expérimenté le déploiement de micro-capteurs Pollutrack, en partenariat avec Enedis et Airparif. Ces compteurs optiques de particules fines (PM2.5) ont été installés sur les toits de 300 véhicules électriques d’Enedis. L’objectif de l’expérimentation était d’étudier l’intérêt de déployer en grand nombre ce type de micro-capteurs, moins onéreux que les dispositifs homologués pour la surveillance de la qualité de l’air, pour compléter le réseau de surveillance d’Airparif, qui repose sur un plus petit nombre de stations complétées par un système de modélisation numérique.
En théorie, les micro-capteurs fournissent des données moins fiables que les stations réglementées, mais pourraient permettre de repérer des sources temporaires ou non répertoriées dans la modélisation. Dans les faits, l’évaluation de la fiabilité du réseau de micro-capteurs n’a pas pu être menée à bien selon les termes établis dans la convention de partenariat. En pratique, le projet n’a pas permis de pointer des « points chauds » de pollution oubliés des modélisations et n’a donc pas démontré de plus-value évidente par rapport au système de surveillance d’Airparif.

Exemplaair – amélioration de la qualité de l’air dans des écoles

Exemplaair est le nom du projet voté au Budget participatif 2019, pour améliorer l’air dans les écoles.
Dans ce cadre, la Ville expérimente deux dispositifs d’amélioration de la qualité de l’air intérieur dans des salles de classe. L’un consiste à installer un système de ventilation mécanique contrôlée (VMC) dans des salles non équipées, système qui insuffle de l’air neuf et filtré et permet d’optimiser les temps d’aération. Il est conçu par l’entreprise VMI. Trois écoles parisiennes en sont équipées.
L’autre système a été installé dans une école et vise à contrôler les débits d’air de la ventilation mécanique selon les niveaux de pollution à l’intérieur et à l’extérieur, grâce à des micro-capteurs du fabricant Nanosense. L’expérimentation a débuté fin 2019. Les premiers résultats sont encourageants. La Ville poursuit l’évaluation de ces solutions.

Le ballon de Paris au parc André-Citroën

Dans le parc André-Citroën (15e), le ballon de Paris (Observatoire atmosphérique Generali) est équipé en permanence d’un appareil de mesure de référence d’Airparif et d’un LOAC (Light Optimal Aerosol Counter). Plusieurs polluants sont mesurés, dont les particules fines.
Depuis 2008, en collaboration avec Airparif et le CNRS, le ballon est devenu un indicateur de la qualité de l’air (mesurée dans Paris par Airparif) aisément visible. II change en effet de couleur : du vert (bon) au rouge (mauvais), en passant par l’orange (médiocre).

Des études pour mieux agir

Des études plus focalisées sur certaines sources d’émissions sont initiées afin de renforcer et préciser les connaissances les concernant et, par la suite, agir au mieux contre les pollutions associées et les dangers qu’elles représentent.

Étude sur les particules ultrafines (PUF) – partenariat Bloomberg Philanthropies/Airparif

Les PUF d’un diamètre compris entre 0,01 µm et 0,1 µm (microgramme) représentent 80 % des particules en nombre. Elles sont suspectées d’être plus nocives que les particules fines (PM10 et PM2.5), car leur petit diamètre leur permet de pénétrer plus profondément dans l’organisme. Or, aujourd’hui, seules les mesures des PM10 et PM2,5 sont réglementées.
Afin d’approfondir les connaissances épidémiologiques, contribuer à l’élaboration de seuils sanitaires réglementaires à l’échelle européenne et identifier les zones qui nécessiteraient une surveillance accrue, une étude spécifique menée par Airparif sur Paris, financée par Bloomberg Philanthropies, a été lancée en 2022 et se terminera en 2024. Cette étude vise à mesurer les PUF à Paris en fonction des rues, des quartiers, de la saison et du type d’émissions (feux de bois, trafic routier…).
Deux campagnes de mesures avec des stations de référence ont lieu (hiver/printemps 2022 et été 2023) avec cinq sites de mesures :
  • 2 sites de proximité au trafic routier (BP Est et Bd Haussmann),
  • 2 sites de fond, l’un parisien (Les Halles) et l’autre, influencé par le chauffage au bois dans le 18e arrondissement,
  • 1 site avec analyseur de carbone suie, traceur du chauffage au bois dans le 19e arrondissement.

Étude Ademe sur les feux de bois

Selon un sondage Ipsos en 2021, 13 % des ménages parisiens utiliseraient le chauffage au bois en appoint ou en agrément. Ce chauffage serait responsable à Paris de 46 % des émissions totales de PM10 et de 38 % de celles de PM2,5, contre 23 % pour le trafic routier. Le chauffage résidentiel au bois constitue donc un des secteurs d’intervention les plus porteurs en matière de réduction des émissions de particules et de carbone suie (à la fois polluant atmosphérique, mais aussi gaz à effet de serre).
Dans le cadre d’une étude en partie financée par l'Ademe, la Ville de Paris et ses partenaires (Métropole du Grand Paris et Airparif) souhaitent affiner les résultats de ce sondage Ipsos en réalisant une enquête « ménages » auprès d’un échantillon de foyers plus représentatif. Objectif : mieux identifier les usagers de feux de bois et établir un plan d’action pour accompagner ces usagers vers des changements de comportements ou d’équipement, pour réduire les émissions de particules fines.
Les résultats de l’étude et le plan d’action sont attendus pour 2023.
Le saviez-vous ?
En 2013, un arrêté inter-préfectoral s’apprêtait à interdire en 2015 l’usage de bois dans les appareils de chauffage à Paris (sauf pour les appareils très faiblement émetteurs de particules faisant l'objet d'une dérogation auprès du préfet de police). Cependant, peu avant sa publication, la ministre de l’Écologie de l’époque a annulé cet arrêté.

Étude APC sur le chauffage au fioul

Une étude sur le chauffage au fioul, réalisée en 2019 par l’Agence Parisienne du Climat, a servi à élaborer un plan d’action pour inciter au remplacement des chauffages collectifs fioul par des équipements de chauffage moins polluants (géothermie ou biomasse).

Étude Ademe des émissions du trafic fluvial en conditions réelles

En raison du transit important de bateaux sur la Seine, estimé à 300 traversées de Paris par semaine, et des nombreuses plaintes de Parisiens relatives aux fumées des bateaux, l’amélioration des connaissances sur les facteurs d’émissions fluviales est devenue nécessaire.
La Ville de Paris et la Métropole du Grand Paris se sont associées à différents partenaires pour lancer une étude, cofinancée par l'Ademe, visant à analyser cette pollution et ses conséquences, ainsi qu’à proposer des solutions pour « verdir la flotte fluviale ».
Les résultats des mesures et un plan d’action sont attendus pour 2023.
Partenaires : ministère de la Transition écologique, acteurs du fluvial (Voies navigables de France, Entreprises fluviales de France, Communauté portuaire de Paris, HAROPA-Ports de Paris), experts de la qualité de l’air, dont Airparif, prestataires (CITEPA, l’INERIS, le CERTAM et AntheDesign).

Projet ANR sTREEt, ou la vie des arbres en situation de stress hydrique et leur impact sur la qualité de l'air

La Ville de Paris est associée au projet de recherche sTREEt (Impact of sTress on uRban trEEs and on city air quality), piloté par l’IEES Paris (Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris) et soutenu par l’Agence nationale de la Recherche, qui vise à caractériser les émissions de composés organiques volatils (COV) issues de la végétation en zone urbaine et leur impact sur la qualité de l’air à Paris. Les COV sont des précurseurs de l'ozone, polluant très présent en été.
Les conditions environnementales du milieu urbain induisent un ensemble de stress sur la végétation, et notamment les arbres, qui reste incomplètement connu, rendant l’estimation des émissions de COV incertaine. L’objectif est de mieux comprendre les conditions d’émissions de COV (élagage, manque d’eau…) et leurs conséquences, pour appuyer les politiques d’amélioration de la qualité de l’air.
Une campagne de mesures a été menée dans le Jardin des Combattants Espagnols de la Nueve (Paris Centre) à l’été 2022.